• Une étude récente a examiné les liens entre les niveaux de zinc chez les personnes hospitalisées pour le COVID-19 et à la fois la progression de la maladie et son issue.
  • L’étude a révélé que les participants présentant un faible taux de zinc avaient un taux de mortalité de 21 %, contre 5 % chez ceux dont le taux de zinc était sain.
  • Le délai de guérison clinique était environ trois fois moins long chez les personnes présentant des taux sains de zinc sérique.
  • Les auteurs concluent que les taux sériques de zinc pourraient aider à prédire l’issue des personnes atteintes de COVID-19.

Le zinc est un oligo-élément naturellement présent dans certains aliments et également disponible sous forme de compléments alimentaires. Le corps humain a besoin de zinc pour maintenir une série de fonctions biologiques.

Par exemple, des centaines d’enzymes ont besoin de zinc pour fonctionner correctement. Il joue également un rôle dans la synthèse des protéines, la synthèse de l’ADN et la division cellulaire, la cicatrisation des plaies et la fonction immunitaire.

Le zinc a un effet anti-inflammatoire et une activité antivirale directe. Par conséquent, une carence en zinc peut réduire les réponses immunitaires innées et adaptatives.

Chez les personnes atteintes d’une infection virale, comme le SRAS-CoV-2, le système immunitaire inné est la réponse de première ligne de l’organisme pour empêcher le virus de pénétrer et de se répliquer avant que le système immunitaire adaptatif ne développe une protection ciblée.

LA TENEUR EN ZINC EST-ELLE UN FACTEUR DE RISQUE ?

Les personnes atteintes d’une infection par le SRAS-CoV-2 présentent un large éventail de résultats cliniques possibles, allant d’une maladie asymptomatique à une maladie grave. Il est essentiel de comprendre les facteurs de risque qui déterminent la gravité de l’infection par le COVID-19 pour mettre au point des traitements efficaces à un stade précoce.

Cette nécessité a incité des médecins et des chercheurs de l’Hospital del Mar, de l’Institut de recherche médicale de l’Hospital del Mar et de l’Université Pompeu Fabra, tous situés en Espagne, à étudier l’effet des niveaux de zinc chez les personnes atteintes de COVID-19 sévère sur la progression de la maladie et les résultats cliniques.

Les scientifiques ont également examiné l’effet d’une supplémentation en zinc pour bloquer la réplication du SRAS-CoV-2 en laboratoire.

Le Dr Robert Güerri-Fernández, médecin au service des maladies infectieuses de l’Hospital del Mar et l’un des auteurs de l’étude, explique la raison d’être de l’étude :

« Le zinc est un élément essentiel au maintien de divers processus biologiques, et l’altération de ses niveaux entraîne une sensibilité accrue aux infections et une augmentation de la réponse inflammatoire. […] les niveaux de zinc et la supplémentation en zinc peuvent s’avérer des outils utiles pour lutter contre la crise du COVID-19. »

Dans cette étude, qui paraît dans la revue Nutrients, les chercheurs ont analysé les données de 249 adultes admis dans l’unité COVID-19 de l’hôpital entre le 9 mars 2020 et le 1er avril 2020. L’âge médian des participants était de 65 ans, et 51 % étaient des hommes.

Au total, 28 % des participants ont dû être admis dans une unité de soins intensifs, et 9 % sont décédés pendant leur séjour à l’hôpital.

AMÉLIORATION DES RÉSULTATS

Environ 23 % des participants présentaient un faible taux de zinc sérique à l’admission. Les participants présentant un faible taux de zinc étaient plus susceptibles de présenter un COVID-19 sévère et des taux accrus de marqueurs inflammatoires (interleukine-6 et protéine C-réactive).

Pour les participants ayant un taux de zinc sain, le temps de récupération était environ trois fois moins long que pour ceux ayant un faible taux sérique : 8 jours contre 25 jours, respectivement.

Les personnes présentant un faible taux de zinc ont eu un taux de mortalité significativement plus élevé (21 %) que celles du groupe présentant un taux de zinc sain (5 %).

Après ajustement des différences d’âge, de sexe, de comorbidités et de gravité de la maladie des participants, l’étude a révélé une diminution significative de 6 % de la mortalité pour chaque unité d’augmentation du taux de zinc sérique à l’admission.

ÉTUDE EN LABORATOIRE

Dans une expérience parallèle en laboratoire, les chercheurs ont démontré que des concentrations accrues de zinc diminuaient la réplication du SRAS-CoV-2 dans les cultures cellulaires.

Le Dr Güerri-Fernández précise l’implication importante des résultats de l’étude : « Nous avons montré l’importance des taux de zinc dans le sang des patients en tant que facteur prédictif supplémentaire de l’issue de la maladie COVID-19, ainsi que son potentiel en tant qu’outil thérapeutique pour le traitement. »

L’étude présente toutefois certaines limites. Par exemple, elle est observationnelle, il n’est donc pas possible de démontrer la causalité. En d’autres termes, les chercheurs ne peuvent pas déterminer à partir des résultats si de faibles niveaux de zinc augmentent le risque de COVID-19 sévère ou si le COVID-19 sévère entraîne un appauvrissement en zinc.

En outre, l’étude est relativement petite et tous les participants provenaient d’un seul centre, ce qui pourrait limiter la généralisation de l’étude.

Le Dr Güerri-Fernández souligne l’importance de l’étude et la nécessité de poursuivre les travaux :

« Nous proposons donc cette variable comme un nouveau paramètre pour prédire l’évolution des patients, et nous proposons d’initier des essais cliniques concernant la supplémentation en zinc chez les patients présentant de faibles niveaux admis pour le COVID-19 et de mettre en œuvre des programmes d’administration de suppléments aux groupes à risque de présenter de faibles niveaux de zinc afin de réduire les effets de la pandémie. »