Le trouble mental et émotionnel connu sous le nom de dépression chez les adolescents n’est pas différent, sur le plan médical, de la dépression chez les adultes. Toutefois, les symptômes chez les adolescents peuvent se manifester de manière différente de ceux des adultes.

Cela peut s’expliquer par le fait que les adolescents sont confrontés à des défis sociaux et développementaux différents, comme la pression des pairs, les changements de niveaux hormonaux et le développement du corps.

La dépression peut être associée à des niveaux élevés de stress, d’anxiété et, dans les cas les plus graves, au suicide. Elle peut également affecter ces aspects de la vie d’un adolescent :

la vie personnelle (qui fait référence à la façon dont un individu se sent, pense ou se comporte lorsqu’il est seul et loin des autres)

  • la vie scolaire
  • la vie professionnelle
  • la vie sociale
  • la vie familiale

Cela peut conduire à l’isolement social et à d’autres problèmes.

La dépression n’est pas un état dont les gens peuvent « sortir » ou simplement « se remonter le moral ». Il s’agit d’une véritable maladie qui peut affecter la vie d’une personne de toutes les manières possibles si elle n’est pas traitée correctement.

Selon le site la-depression.org, en France, la prévalence des troubles dépressifs est estimée entre 2,1 à 3,4 % chez l’enfant et à 14 % chez l’adolescent.

Chaque année dans le monde, près de 800 000 personnes meurent en se suicidant. Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-29 ans.

COMMENT REPÉRER LA DÉPRESSION CHEZ UN ADOLESCENT ?

Les symptômes de la dépression peuvent souvent être difficiles à déceler pour les parents. La dépression est parfois confondue avec les sentiments typiques de la puberté et de l’adaptation de l’adolescent.

Cependant, la dépression est plus qu’un ennui ou un désintérêt pour l’école. Selon l’American Academy of Child and Adolescent Psychiatry (AACAP), les symptômes de la dépression chez les adolescents comprennent :

  • l’apparence triste, irritable ou larmoyante
  • les changements d’appétit ou de poids
  • une diminution de l’intérêt pour des activités autrefois considérées comme agréables
  • des plaintes régulières d’ennui
  • une diminution de l’énergie
  • la difficulté à se concentrer
  • des sentiments de culpabilité, d’inutilité ou d’impuissance
  • l’abus d’alcool ou de drogues
  • des changements majeurs dans les habitudes de sommeil
  • parler ou penser au suicide
  • le retrait des amis ou des activités extrascolaires
  • la dégradation des performances scolaires

Certains de ces symptômes ne sont pas toujours des indicateurs de dépression. Les changements d’appétit sont souvent normaux, notamment en période de poussée de croissance et en particulier si votre adolescent fait du sport.

Néanmoins, le fait de surveiller les changements de comportement de votre adolescent peut vous permettre de l’aider lorsqu’il en a besoin.

COMPORTEMENT D’AUTOMUTILATION

Les comportements d’automutilation, tels que les coupures ou les brûlures, sont également un signe d’avertissement. Ces comportements peuvent être rares chez les adultes, mais sont plus fréquents chez les adolescents.

Ces comportements n’ont généralement pas pour but de mettre fin à la vie d’une personne, mais ils doivent être pris très au sérieux. Ils sont généralement transitoires et prennent fin lorsque l’adolescent développe un meilleur contrôle de ses impulsions et d’autres capacités d’adaptation.

PRÉVENTION DU SUICIDE

Si vous pensez qu’une personne risque immédiatement de s’automutiler ou de blesser une autre personne :

  • Appelez le 112 ou les services d’urgence locaux.
  • Restez avec la personne jusqu’à l’arrivée des secours.
  • Retirez les armes à feu, les couteaux, les médicaments ou tout autre objet pouvant causer des dommages.
  • Écoutez, mais ne jugez pas, ne discutez pas, ne menacez pas et ne criez pas.

Si vous ou quelqu’un que vous connaissez envisagez de vous suicider, demandez l’aide d’une ligne d’assistance téléphonique de crise ou de prévention du suicide. Essayez la ligne téléphonique nationale de prévention du suicide au 01 45 39 40 00 pour la france ou 0800 32 123 pour la Belgique.

QUELLES SONT LES CAUSES DE LA DÉPRESSION CHEZ LES ADOLESCENTS ?

Il n’existe pas de cause unique connue de la dépression chez les adolescents. Des causes multiples peuvent conduire à la dépression.

DIFFÉRENCES DANS LE CERVEAU

Une étude américaine a montré que le cerveau des adolescents est structurellement différent de celui des adultes. Les adolescents souffrant de dépression peuvent également présenter des différences hormonales et des niveaux différents de neurotransmetteurs.

Les neurotransmetteurs sont des substances chimiques clés dans le cerveau qui affectent la façon dont les cellules cérébrales communiquent entre elles. Ils jouent un rôle important dans la régulation de l’humeur et du comportement.

Les neurotransmetteurs qui sont importants pour comprendre la dépression sont la sérotonine, la dopamine et la norépinéphrine.

Selon les recherches disponibles, de faibles niveaux de ces neurotransmetteurs peuvent contribuer à la dépression.

ÉVÉNEMENTS TRAUMATISANTS DU DÉBUT DE LA VIE

La plupart des enfants n’ont pas de mécanismes d’adaptation bien développés. Un événement traumatisant peut laisser une impression durable.

La perte d’un parent ou des abus physiques, émotionnels ou sexuels peuvent avoir des effets durables sur le cerveau d’un enfant, ce qui peut contribuer à la dépression.

TRAITS HÉRITÉS

Les recherches montrent que la dépression a une composante biologique. Elle peut être transmise des parents à leurs enfants.

Les enfants qui ont un ou plusieurs proches parents souffrant de dépression, en particulier un parent, sont plus susceptibles de souffrir eux-mêmes de dépression.

Les schémas de pensée négatifs appris

Les adolescents régulièrement exposés à des pensées pessimistes, en particulier de la part de leurs parents, peuvent également développer une dépression. Ils peuvent manquer d’exemples positifs sur la façon de surmonter les difficultés.

QUELS SONT LES FACTEURS DE RISQUE DE LA DÉPRESSION CHEZ LES ADOLESCENTS ?

Les facteurs qui peuvent augmenter le risque de dépression chez un adolescent sont notamment les suivants :

  • une crise familiale, telle qu’un décès ou un divorce
  • avoir des difficultés avec leur orientation sexuelle, dans le cas des adolescents LGBTQIA+ (lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels, queer, intersexués, asexués, etc.)
  • avoir du mal à s’adapter socialement
  • ne pas avoir de soutien social ou émotionnel
  • vivre dans un foyer violent
  • être intimidé
  • avoir une maladie chronique

Les adolescents qui ont du mal à s’adapter socialement ou qui ne bénéficient pas d’un système de soutien ont un risque particulièrement élevé de dépression.

Même les adolescents LGBTQIA+ qui ne se sentent pas en conflit avec leur propre sexualité courent un risque accru de dépression. En effet, des facteurs externes, tels que la stigmatisation du monde extérieur, ou le manque d’acceptation de la famille, peuvent avoir un impact négatif sur la façon dont ils se perçoivent.

Cependant, la dépression chez les adolescents est très facile à traiter une fois le diagnostic posé.

COMMENT DIAGNOSTIQUER LA DÉPRESSION CHEZ LES ADOLESCENTS ?

En 2016, l’USPSTF (U.S. Preventive Services Task Force) a commencé à recommander que tous les jeunes âgés de 12 à 18 ans soient dépistés pour un trouble dépressif majeur (TMD). Le DDM est également connu sous le nom de dépression clinique.

En 2018, pour la première fois, l’American Academy of Pediatrics (AAP) a approuvé le dépistage universel de la dépression chez les jeunes de 12 ans et plus. Les jeunes peuvent bénéficier de ce dépistage auprès de leurs médecins de premier recours.

Les médecins peuvent utiliser les directives de l’AAP ou les directives pour adultes pour dépister la dépression chez les jeunes de 18 et 19 ans.

Pour un traitement approprié, il est recommandé qu’un psychologue ou un psychiatre effectue une évaluation psychologique, en posant à l’adolescent une série de questions sur son humeur, ses comportements et ses pensées.

L’évaluation doit également tenir compte des antécédents familiaux de l’adolescent, de ses résultats scolaires et de son confort dans le cadre de ses pairs.

Pour qu’un adolescent soit diagnostiqué comme ayant un trouble mental, il doit répondre aux critères énoncés dans la nouvelle édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux.

Il doit également avoir deux épisodes dépressifs majeurs ou plus pendant au moins deux semaines. Leurs épisodes doivent comporter au moins cinq des symptômes suivants :

  • agitation ou retard psychomoteur remarqué par les autres
  • une humeur dépressive la majeure partie de la journée
  • une diminution de la capacité à penser ou à se concentrer
  • une diminution de l’intérêt pour la plupart ou la totalité des activités
  • fatigue
  • un sentiment d’inutilité ou de culpabilité excessive
  • l’insomnie ou le sommeil excessif
  • des pensées de mort récurrentes
  • une perte ou une prise de poids importante et involontaire

En outre, le psychologue ou le psychiatre posera au parent ou à la personne qui s’occupe de l’enfant des questions sur le comportement et l’humeur de l’adolescent.

Un examen physique peut également être utilisé pour aider à exclure d’autres causes de ses sentiments. Certains problèmes médicaux peuvent également contribuer à la dépression.

QUELS SONT LES MÉDICAMENTS UTILISÉS POUR TRAITER LA DÉPRESSION CHEZ LES ADOLESCENTS ?

Tout comme la dépression n’a pas de cause unique, il n’existe pas de traitement unique pour aider tous ceux qui en souffrent. Trouver le bon traitement est souvent un processus d’essais et d’erreurs. Il faut parfois du temps pour déterminer lequel fonctionne le mieux.

Le traitement des adolescents souffrant de dépression est généralement une combinaison de médicaments et de psychothérapie.

De nombreuses classes de médicaments sont conçues pour soulager les symptômes de la dépression.

Toutefois, pour les personnes âgées de 10 à 21 ans qui souffrent de dépression modérée ou sévère, l’AAP recommande les inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS).

INHIBITEURS SÉLECTIFS DU RECAPTAGE DE LA SÉROTONINE (ISRS)

Les ISRS sont la classe d’antidépresseurs la plus couramment prescrite. Ils sont préférés parce qu’ils ont tendance à avoir moins d’effets secondaires.

Les ISRS agissent sur le neurotransmetteur sérotonine. Les ISRS empêchent l’organisme d’absorber la sérotonine afin qu’elle puisse être utilisée plus efficacement dans le cerveau.

Parmi les ISRS actuellement approuvés par la Food and Drug Administration (FDA), on trouve

  • le citalopram (Celexa)
  • escitalopram (Lexapro)
  • fluoxétine (Prozac)
  • fluvoxamine (Luvox)
  • paroxétine (Paxil, Pexeva)
  • sertraline (Zoloft)
  • vilazodone (Viibryd)

La plupart des ISRS n’ont été approuvés que pour une utilisation chez les adultes. Cependant, la fluoxétine a reçu l’approbation de la FDA pour les jeunes atteints de DDM âgés de 8 ans et plus. L’Escitalopram a reçu l’approbation de la FDA pour les jeunes atteints de troubles mentaux âgés d’au moins 12 ans.

Les effets secondaires les plus fréquemment signalés avec les ISRS sont les suivants :

  • problèmes sexuels
  • nausées
  • diarrhée
  • maux de tête

Tous les jeunes qui prennent des antidépresseurs doivent être surveillés pour détecter les effets secondaires potentiels. Consultez un médecin si les effets secondaires nuisent à la qualité de vie de votre adolescent.

LE TRAITEMENT DES ADOLESCENTS

Si les symptômes ne s’améliorent pas après 6 à 8 semaines, l’AAP recommande vivement au clinicien de réévaluer le traitement et le diagnostic initial. L’AAP suggère également une consultation de santé mentale.

AVERTISSEMENT IMPORTANT

Food and Drug Administration (FDA) exige des fabricants d’antidépresseurs qu’ils incluent un « avertissement de boîte noire », ainsi nommé parce que l’avertissement de l’étiquette est décalé à l’intérieur d’une bordure noire. L’avertissement indique que l’utilisation de médicaments antidépresseurs chez les jeunes adultes âgés de 18 à 24 ans a été associée à un risque accru de pensées et de comportements suicidaires, connu sous le nom de suicidalité.

Comment la psychothérapie peut-elle aider à lutter contre la dépression chez les adolescents ?

Les adolescents souffrant de dépression doivent consulter un professionnel de la santé mentale qualifié avant ou en même temps que le début de la thérapie médicamenteuse. L’AAP recommande soit une thérapie cognitivo-comportementale (TCC), soit une thérapie interpersonnelle (TIP).

La TCC vise à remplacer les pensées et les émotions négatives par de bonnes.

La TCI vise à renforcer les relations personnelles en améliorant la communication et les capacités de résolution des problèmes. Les parents ou les personnes qui s’occupent des enfants participent à certaines séances.

Quels autres traitements peuvent aider à traiter la dépression chez les adolescents ?

Des changements de style de vie peuvent également aider à soulager les symptômes de la dépression.

EXERCICE

Les recherches montrent que l’exercice régulier stimule la production de substances chimiques « qui procurent un sentiment de bien-être » dans le cerveau et qui améliorent l’humeur. Encouragez votre adolescent à s’inscrire à un sport qui l’intéresse, ou inventez des jeux pour promouvoir l’activité physique.

SOMMEIL

Le sommeil est important pour l’humeur de votre adolescent. Veillez à ce qu’il dorme suffisamment chaque nuit et suivez une routine régulière à l’heure du coucher.

RÉGIME ALIMENTAIRE

Le corps a besoin d’un supplément d’énergie pour transformer les aliments riches en graisses et en sucre. Ces aliments peuvent vous donner l’impression d’être au ralenti. Préparez des repas riches en aliments variés et nutritifs.

CAFÉINE

La caféine peut momentanément stimuler l’humeur. Cependant, une consommation régulière peut provoquer chez votre adolescent un « crash », une sensation de fatigue ou de déprime.

ALCOOL

Les personnes souffrant de dépression peuvent s’auto-médicamenter avec de l’alcool. Cependant, la consommation d’alcool peut créer davantage de problèmes, en particulier chez les adolescents. Les personnes souffrant de dépression doivent éviter l’alcool.

COMMENT PUIS-JE AIDER MON ADOLESCENT À FAIRE FACE À LA DÉPRESSION ?

La dépression peut avoir un impact profond sur la vie d’une personne et ne peut qu’aggraver les difficultés liées à l’adolescence.

La dépression chez les adolescents n’est pas toujours la plus facile à déceler. Cependant, avec un traitement approprié, votre adolescent peut obtenir l’aide dont il a besoin.

Si la dépression affecte la vie de votre adolescent, vous devez demander l’aide d’un spécialiste de la santé mentale. Ce spécialiste établira un plan de traitement spécifique pour votre adolescent. Il est également important que votre adolescent suive ce plan.

Il existe d’autres mesures que votre adolescent peut prendre pour gérer sa dépression :

  • rester en bonne santé et faire de l’exercice
  • avoir des attentes et des objectifs réalistes
  • garder la vie simple
  • demander de l’aide
  • établir des liens avec d’autres personnes grâce à des amitiés saines
  • tenir un journal pour exprimer leurs pensées et leurs sentiments

Il existe de nombreux groupes de soutien pour aider votre adolescent à entrer en contact avec d’autres adolescents qui souffrent de dépression.

Vous pouvez trouver plus d’informations sur info-depression

QUELLES SONT LES PERSPECTIVES POUR LES ADOLESCENTS SOUFFRANT DE DÉPRESSION ?

La dépression chez les adolescents touche de nombreux jeunes. La dépression entraîne un taux élevé de suicides chez les adolescents, il faut donc la prendre au sérieux.

Il est important de diagnostiquer la dépression chez les adolescents à un stade précoce. Si votre adolescent présente des symptômes de dépression, veillez à consulter un spécialiste de la santé mentale. Le traitement peut être très efficace et comprend généralement à la fois des médicaments et une psychothérapie.

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